RÉCIFS, ou petites chroniques de mauvais genre. |
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Mac malaxait bruyamment une bouchée de sandwich au salami, en salivant beaucoup. Aurèle, assis à coté de lui, entendait les bruits de mastication, de déglutition et ça lui coupait l’appétit. En plus il n’aimait pas le pain de mie et la moutarde, quant au jambon le gros Mac le lui avait pris de force. Aurèle était écœuré, il avait mal au nez et mal aux yeux, à cause de la moutarde. Maintenant, il avait peur de ce type brutal et grossier qui rotait entre chaque bouchée, lui donnant des coups de coude aux côtes en disant : -
Manche (il avait la bouche pleine) ! manche ! chi tu
veux pas que le gros cochon te manche… mon poulet !Ha !Ha ! Aurèle
avait peur parce que ce gros dégueulasse ne l’avait pas quitté d’une semaine
depuis sa sortie de prison, qu’il
vivait à ses crochets, lui piquait son pognon (qu’il engouffrait en hot
dog et en bière), lui tirait les poils de nez (quand Aurèle essayait de
se rebeller), lui enfonçait les côtes à coup de coudes pour rigoler (tu
parles !), bavait sur ses chaussures… Aurèle ne savait plus quoi
faire pour se débarrasser de ce macaque. Drôle
de mec ce Mac ! Assis sur un banc du parc, face au lac, (tiens ! les ouvriers du barrage avaient fermé les vannes !), Aurèle pensa qu’il fallait faire quelque chose, et vite!… Semer Mac devrait être facile. Il ne devait pas courir très vite le gros, avec toute sa soupe… En étant malin, il pourrait l’avoir !...... - Hé! Mac! tu veux pas que j’aille te chercher un autre chien chaud ? T’a l’air d’avoir les crocs ? -
Chi tu veux ! Ch’ai sympa cha un chien chaud (il avait toujours
la bouche pleine) Aurèle
se leva. Il avait pris sa décision : il allait mettre les bouts,
mais avant, il allait mettre le gros en bouillie ! Il se dirigea
d’un pas lent vers le kiosque qui sentait la friture et commanda une
bière (« parce que ça désaltère! » disait Bob, et aussi
parce qu’il en avait besoin pour se donner du courage) et… du chocolat !
Il vida sa bière d’un trait et rompit la tablette. Ainsi armé (les altères
+ la barre de chocolat) il retourna vers le banc.
Tout en marchant, il calcula son coup et vint se placer derrière
Mac. De toutes ses forces, il lui fracassa le morceau de chocolat
sur la tête, en criant… -
Tient mon gros c’est Pâques ce soir !! Cela n’eut pas d’effet, bien sûr. Mac aima la barre, parce qu’il aimait également la bagarre. Le gros grogna, se leva et se mit à courser Aurèle qui, tout en prenant de la distance, hurlait comme un goret qu’on va égorger « Au secours ! A moi !! Mac me tape!! Mac me traque !!..A moi! ! Si Mac m'attrape, il me matraque!!... Personne, bien entendu, ne prêta l'œil ou l'oreille! Ce couple excentrique qui piquait un sprint dans le parc amusa même les enfants. Et puis sans trique comment le gros pouvait-il maltraiter le petit? |
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