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Theresa Nisters  / Dans les plis
[texte pour l'exposition Entre les plis (Zwischen den Falten) - Galerie Josef Nisters, Spire - Traduction Maryse Goldziuk]

Carton d'exposition, Entre les plis, Galerie J.Nisters, Spire, 2014

Alexis Hubert - Errances peintes
Armand Dupuy -
Plier la peinture
Jeremy Liron - Séries, reprises
Theresa Nisters - Dans les plis
Jeremy Liron - Les espaces qui fondent le tableau
Jeremy Liron - Chaque oeuvre cherche après ce qui la fonde
Hubert Haddad - Peindre- Ecrire - Exister
Vincent Cordebard - Je crois qu'il peint pour voir.
Odile Schwarz - Sur le motif



Le regard court dans la salle. Une ligne bleue, un ruban déposé sans y prêter attention, sur l’étagère, et qui à présent sinue entre les images, contre les papiers, les objets en vrac, retient l’attention un moment. Des impressions que mon œil saisit, sans que mon esprit les comprenne, s’estompent dans l’instant. L' oeil est un des organes des sens qui contrairement à l’oreille reçoit aussi bien qu’il renvoie. Je reçois des « stimuli » du monde qui m’entoure et les restitue par un regard fugitif, une vision plus précise, une observation et lui signifie mon ressenti.Le peintre qui traduit en image une telle impression, se concentre sur l’objet, le dissèque au niveau de la perspective, de la lumière, dans les nuances de la couleur, dans sa position dans l’espace et dans son rapport avec les formes environnantes.

Si nous parcourons sur plusieurs années l’œuvre de Philippe Agostini, nous constatons que l’artiste entretient une communication non verbale avec les formes de la réalité. Des années 90 au début des années 2000 les fragments de son atelier composent une mosaïque de petits carrés. Ainsi apparaît un assemblage de papiers dont les bords ont des contacts irréguliers, chaque feuille représentant un monde en soi.

Objets d’étude, modèles, représentations de l’histoire de l’art peuplent l’atelier du peintre et pénètrent dans le champ de sa perception. Le regard transmet cette impression du corps jusqu’à la main qui traduit cette perception en image. Chaque morceau carré de cette mosaïque est conçu en soi comme une entité. Au fur et à mesure que le regard parcourt le motif, les feuilles prennent place et composent un tout qui naît des parties isolées.

Philippe Agostini a nommé ce procédé « Eclats ». En français, cela signifie aussi bien fragments de verre, mais aussi brillance, lumière, éclair, explosion. Cette intention recouvrant ce geste précis donne soudain une signification à cette démarche.

Si le peintre peut conduire dans son atelier un dialogue avec la matière, il est d’autres situations qui font apparaître une autre singularité de sa pratique, comme par exemple, quand flânant dans un paysage, sur la route, en voiture, s’impriment dans la mémoire des moments, des assemblages de mouvements, de formes et de couleurs, qu’il engrange pour y revenir plus tard. Temps et espace cadrent notre existence, c’est là que la mémoire prend toute sa place. Des couleurs viennent au premier plan, des formes changent. Des détails se détachent de leur environnement et le font disparaître. Dans les « Vues », ainsi qu’il a nommé ses travaux, le rouge d’un camion de livraison, contraste avec le vert de la campagne française. Sa forme initialement rectangulaire bouge et envahit l’espace d’une feuille toute entière pour y agir en couleur pure. Et si nous avançons dans le temps, nous trouvons, deux années plus tard, dans une sphère de formes sans objet, celle d’une matière primaire qui n’est pas visible dans le monde qui nous entoure mais que notre esprit peut cependant atteindre par abstraction et réflexion.

La mémoire a dans « Structures » une nouvelle figure, une autre  facette. Nourrie par les œuvres des maîtres présents dans l’atelier, comme par un livre d’images universel, la mémoire s’est frayée un chemin dans son imaginaire personnel et a débouché sur une autre la forme pure. Car ces collages, constitués de chutes, de rognures de bandes découpées dans des œuvres antérieures recomposent à présent un ensemble nouveau.

La capacité humaine de se souvenir se situe sur une base matérielle (concrète). Le philosophe français Henri Bergson a proposé une nouvelle approche du dualisme existant depuis l’Antiquité entre esprit et matière. Ce n’est pas seulement la présence d’une forme dans l’espace, le visible, qui fait la différence entre le monde des objets, réalité banale, et l’univers,  c’est aussi et surtout un acte inscrit dans le temps. La matière existe. La matière c’est du concret, c’est du présent. L’esprit en mouvement atteint au-delà du présent le passé et réactive ce qu’il a mis de côté et le matérialise par cet accès à la conscience. Quand mon regard rencontre la matière, l’esprit mis en mouvement convoque le passé pour le mettre au contact du présent, prend acte de cet éclairage et produit du nouveau. Les structures de couleurs produites dans les œuvres de Philippe Agostini procèdent de cette prise de conscience. La couleur est porteuse du dualisme qui passe de la perception à l’expression à travers un support matériel. Les valeurs de la couleur que nous voyons dans les collages entrent en résonance et pénètrent visuellement dans notre conscience qui les nomme alors leur conférant ainsi une dimension temporelle. Bleu, marron, vert existent dans mon imagination et dans la matérialité des pigments qui font la pâte de la peinture.

« Conversation avec la plus douce », Qui est-elle cette douceur ? Et qu’est-ce ? Dans les œuvres les plus récentes de Philippe Agostini, s’envisagent des figures construites par couches. Apparemment elles dialoguent ainsi que le suggère le titre. Un dialogue silencieux que l’observateur (le regardeur) n’entend pas mais un dialogue visible lorsqu’il en prend conscience. Conscience de la couleur, des recouvrements, des plis qui rendent compte d’une succession, succession dans le processus de la peinture, de la perception, dans le souvenir. C’est un dialogue avec la peinture que poursuit l’artiste. Peinture, c’est aussi bien la couleur au service de la main du peintre, que la peinture tant dans son expression actuelle que dans son histoire et dans sa position au sein de la culture des hommes.

« Entre les plis » nous nous trouvons à un moment de tension extrême, de suspension entre ce qui est passé et ce qui va venir, au moment fugace de l’ici et maintenant.

Le ressenti personnel, l’impression, le souvenir et la mémoire commune se glissent dans les œuvres de Philippe Agostini et nous font l’offrande d’un instant spirituel dans le regard conscient.

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Der Blick schweift durch den Raum. Eine blaue Linie, ein Paketband, das ich achtlos auf dem Regal abgelegt habe und das sich nun um Bilder, Papiere, lose Gegenstände schmiegt, fesselt ihn für einen Moment. Eindrücke, die mein Auge erfasst, die mein Geist aber nicht wahrnimmt, verschwimmen im Augenblick. Das Auge ist eines der Sinnesorgane, das entgegen dem Ohr sowohl aufnimmt, als auch entsendet. Ich empfange Reize aus meiner Umwelt und erstatte ihr dafür einen flüchtigen Blick, ein genaueres Hinsehen, ein Beobachten und gebe ihr Zeichen meines inneren Empfindens.

Der Maler, der einen solchen Eindruck bildhaft fixiert, richtet seine Konzentration auf das Objekt, seziert es auf Perspektive, Lichteinwirkung, Farbnuancen, Position im Raum und im Verhältnis zu umliegenden Formen.

In den Werken Philippe Agostinis sehen wir in einem Querschnitt durch mehrere Jahre eine Entwicklung dieser nonverbalen Kommunikation des Künstlers mit der gestalthaften Realität. Mosaikhaft aus kleinen, quadratischen Papieren setzen die Arbeiten der 1990er bis frühen 2000er Jahre Fragmente seines Ateliers zusammen. Dabei entstehen Brüche an den Rändern des einzelnen Blattes, welches für sich genommen schon eine Welt vergegenwärtigt. Studienobjekte, Modelle, kunsthistorische Vorbilder, die den Arbeitsraum des Malers bevölkern, dringen in seine Wahrnehmung ein. Das Schauen leitet diesen Eindruck dann durch den Körper an die Hand, die dem Bild gewordenen Blick Ausdruck verleiht. Jeder Papierstein dieses Bildmosaiks entsteht in einer Fokussierung und ist für sich abgeschlossen. So wie der Blick durch den Raum weiterwandert, so reihen sich die Blätter aneinander und geben ein Gesamtes wieder, das sich aus Einzelnen zusammenfügt. Éclats hat Philippe Agostini diese Fixierungen genannt. Zu deutsch bedeutet das soviel wie Scherbe, Splitter, aber auch Glanz, Leuchten, Knall. Das akute In-Erscheinung-Treten des Äußeren.

Kann der Maler im Atelier seinen Dialog mit der formhaften Materie direkt führen, so sind es andere Situationen, die eine weitere menschliche Besonderheit zutage treten lassen. Beim Flanieren durch die Landschaft, während der Fahrt im Auto prägen sich Momente, Konglomerate aus Bewegung, Form und Farbe in das Gedächtnis ein, das sie speichert und abrufbar hält für einen späteren Zeitpunkt. Dehnen sich Zeit und Raum zwischen diesen beiden Punkten auf der Lebensachse aus, so erweitert sich auch die Erinnerung. Farben treten in den Vordergrund, Formen verändern sich, Details treten aus ihrem Umfeld hervor und lassen dieses verschwinden. In den Blicken, die mit Vues titulierte Arbeit, setzt sich das Rot des Lieferwagens in Kontrast zum Grün der französischen Felder. Seine rechteckige Gestalt siedelt über und nimmt Raum ein, ein ganzes Blatt, um dort als reiner Farbwert zu wirken. Und gehen wir nur ein bisschen weiter, treten wir zwei Jahre später ein in eine Sphäre formloser Gestalt, der primären Materie, die uns in der Welt nicht sichtbar wird, die unser Geist durch Abstraktion und Reflexion jedoch wieder erreichen kann.

Das Gedächtnis hat hier, in den Structures - Struktutren eine neue Stellung eingenommen. War es im Atelier noch in Werken alter Meister repräsentiert, ein universal gewordenes Bilderbuch und hat es sich in der persönlichen Erinnerung Weg gebahnt, ist es nun selbst Form geworden. Denn die Collagen bestehen aus Resten, übriggebliebenen Papierschnipseln, abgeschnittenen Rändern vormals entstandener Bilder und gruppieren sich zu einem Neuen zusammen. Das menschliche Erinnerungsvermögen hat seinen Sitz auf einer materiellen Basis, im Nervenzentrum des Menschen. Der französische Philosoph Henri Bergson hat dabei dem seit der Antike bestehenden Dualismus zwischen Geist und Materie eine neue Wende gegeben. Nicht allein die räumliche Erscheinung, das Sichtbarwerden macht dabei den Unterschied zwischen gegebener Dingwelt, allgemeiner Lebensrealität und geistigem, unsichtbaren Universum aus, sondern ein zeitlicher Akt. Die Materie ist. Die Materie veranschaulicht und besteht in Gegenwart. Der Geist ist in Bewegung, er reicht über die Gegenwart in die Vergangenheit zurück und kann Abgelegtes vergegenwärtigen, repräsentieren durch die Bewusstwerdung. Trifft mein Blick auf das Materielle, bringt der bewegte Geist das eben Vergangene in die aktuelle Begegnung mit ein, lässt damit Erkenntnis zu und ein zukünftig Neues entstehen. Die Strukturen, die die Farbe in Philippe Agostinis Bildern erstellt, stammen aus dieser geistigen Bewusstwerdung. Farbe an sich trägt den Dualismus zwischen wahrgenommener und zum Ausdruck gebrachter Geistigkeit und materiellem Träger aus. Die Farbwerte, die wir auf den Collagen erblicken, treten in Zusammenhang, setzen sich voneinander ab und dringen visuell in unser Bewusstsein, das sie mit Worten bezeichnet, die ihnen eine zeitliche Dimension verleihen. Blau, Braun, Grün existieren in meiner Vorstellung und in der Form, der aus Pigmenten und Öl zusammengesetzten Malpaste.

Conversations avec la très douce, Konversationen mit der sehr zarten. Wer ist sie, diese Zartheit? Oder was? Aus Schichten zusammengesetzte Figuren sind einander auf den jüngsten Leinwandarbeiten Agostinis zugewandt. Offenbar im Dialog, so lässt der Titel vermuten. Ein stiller Dialog, für den Betrachter nicht hörbar, aber sichtbar, wenn er sich bewusst wird. Bewusst der Farbe, der Schichten, der Falten, die ein Nacheinander darstellen. Ein Nacheinander im Malprozess, in der Wahrnehmung, der Erinnerung. Es ist ein Dialog mit der Malerei, die der Künstler führt. Peinture ist sowohl die Farbe, Dienerin der Hand des Malers als auch die Malerei in ihrer gegenwärtigen Ausformung, sowie in ihrer Geschichte und Position innerhalb der menschlichen Kultur. Entre les plis – Zwischen den Falten befinden wir uns im Moment der höchsten Spannung, der Überlagerung von Vergangenem und noch Werdendem, dem flüchtigen Moment des Hier und Jetzt.

Eigenes Empfinden, Eindruck, Erinnerung und allgemeines Gedächtnis fließen in die Werke Philippe Agostinis ein und bescheren uns im Moment der bewussten Betrachtung ein geistiges Erleben.


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