RÉCIFS, ou petites chroniques de mauvais genre.

   
     
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Max s’ennuyait ferme tous les soirs. Dès que Jaques avait fermé son bar, il errait à la dérive dans les rues, marchait des heures comme ça, sans compter, sans but précis.

Max vivait seul avec une colonie de hamsters et il ne se sentait pas le cœur à rentrer chez lui. Il avait le blues, le soir, et il ne connaissait personne avec qui parler,  ni chez qui aller. Sa journée au bar, au moins, était animée. Il voyait du monde entrer et sortir du bar, boire un coup, sortir, entrer et boire un coup, boire un p’tit coup et un autre… et puis il y avait Angèle et Marcelle : elles étaient chouettes ces filles ! Et puis il y avait Jaques qui lui racontait des blagues corses, belges et suisses… Le jour ça allait ! Mais le soir venu, Max déprimait. Par chance, tous les apéros qu’il avait bu l’aidaient à tenir.. mais pas debout ! Il marchait pour ne pas tomber, et surtout pour ne pas s’asseoir, cause qu’il avait peur de s’endormir sur un banc et de finir la nuit au poste, s’il se faisait cueillir par les flics… Et qui c’est qui irait donner à manger au gang de hamsters ? Pas les flics quand même ! Alors il marchait, traînait dans les rues jusqu’à plus soif, parfois jusqu’au matin.

Ce jour là, ou plutôt cette nuit là,  alors qu’il passait devant le Bob’s bar, il avait cru  voir une silhouette d’homme sortir d’une poubelle. Il faisait noir, il était noir (Max avait un peu trop forcé sur le quart de rouge… Enfin le quart c’est ce qu’il avait commandé toutes les demi-heures depuis le début de l’après-midi pour noyer son ennui….), pourtant là, dans la pénombre il avait bien cru voir un type. Immobile, tenant un poteau qui penchait, il regardait en direction des poubelles, attendant que sa vision réapparaisse. Et la vision apparue ! C’était un homme de petite taille… ou deux hommes peut-être ? Ils avaient une ombre gigantesque (mais ça c’était normal, c’était l’éclairage !!). L’ombre marchait, ou plutôt glissait sur le parking, en slalomant entre les voitures (ça aussi c’était normal, c’étaient les effets de l’alcool)…Sur le coup, il ne l’avait pas reconnu mais quand l’homme fut à quelques mètres il comprit que c’était l’Aurèle…  Ha ben ça ! Qu’est ce qui faisait là l’Aurèle ??

-         Hé Aurèle ! …  avait-il lancé

L’ombre s’était figée une seconde, puis avait détalé dans le sens opposé…

-         Attend mon lapin, attend !…avait alors braillé Max.

Mais Max, soutenait trop fermement le poteau, craignant que celui-ci ne tombe... il n’avait donc pas cherché à courir après.  De loin, il n’avait pu que voir l’Aurèle se casser. Celui-ci sauta par-dessus la clôture, (avec une agilité dont Max aurait eu bien besoin en cet instant, agilité qui confirmait aussi qu’Aurèle Lelapin portait bien son nom …)…. Puis il avait vu foncer droit sur un mur avant de disparaître dans l’ombre… Ben ça !! s’était dit Max, pfft, disparu ! Envolé !

-       Dans le mur !! Pfft ! Comme je vous le dis Inspecteur, l’Aurèle, l’autre Aurèle et son ombre en plein dans le mur, j’vous jure j’vous dis que j’ai vu ça l’aut’ soir…

Max avait fini sa déposition. De toute façon, l’Inspecteur le bouclait pour état d’ivresse sur une voie de garage public et faux témoignages…

Ca pouvait aller chercher dans les combien ? s’inquiéta Max. Il le demanda à M. Paul, parce que : « pour les hamsters fallait voir à faire quelque chose, fallait pas les laisser crever…hein ? » et Max se mit à pleurer en pensant à ses petites bêtes. Il jura, mais trop tard, qu’il ne boirait plus. Juré, craché : plus  l’soir, non ! Plus dès qu’c’est l’soir !

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