RÉCIFS, ou petites chroniques de mauvais genre.

   
     
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Lorca descendait la rue en sifflotant. Bien qu’il ne soit pas encore trop tard, il n’était plus très tôt. La rue était silencieuse, plongée dans une semi-pénombre, et le sifflotement de Lorca se répercutait sur les murs. Plus bas la rue faisait un coude avant de déboucher sur le centre ville. Il marqua une pose au tournant, fouilla au fond de ses poches, sentit aux bouts de ses doigts ce qu’il cherchait. Il rajusta sa veste, se passa la main dans les rares cheveux qui parsemaient son front et reprit sa marche d’un pas qui se voulait alerte.

Marcelle et Angèle virent venir vers elles un homme entre deux âges, qui descendait la rue du canon, les mains dans les poches.

-         T’a vu l’type, dit Marcelle en mâchonnant son malabar à la framboise (Marcelle n’aimait pas les shwing-gums, mais ça lui donnait bonne haleine et comme il faisait froid, elle trouvait que ça lui allait comme un gant)

-         J’le connais, dit doucement Angèle. Angèle était toujours douce même quand Marcelle la taquinait en disant « il fait froid ce soir, Angèle ! »

L’homme se planta devant les filles et feignant d’ignorer la présence de Marcelle (mais elle avait l’habitude quand elle était en compagnie de Angèle) lança :

-         Alléz tou viens? On va manger una tortilla y ensouite on va sé promener vers lé lac et…

-         Ha non !! Dit Angèle, on m’a déjà fait l’coup ! Je suis pas dac’ et pas d’attaque ce soir !