RÉCIFS, ou petites chroniques de mauvais genre.

   
     
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Assise dans la salle d'embarquement, Rosie Cesca se sentait à la fois rassurée et inquiète (mais elle devait s'habituer dorénavant à éprouver deux sentiments à la fois). 

Inquiète, car la police pouvait débarquer à tout moment!  Elle regarda la grosse horloge de l'aéroport où  les secondes défilaient  au ralenti. Rosie ouvrit son sac, sa main glissa à l'intérieur. Un sourire léger éclaira son rouge à lèvre. Sous ses doigts elle sentait la présence froide, mais rassurante, de la crosse en nacre du pistolet automatique. Retirant sa main, elle fit glisser entre ses doigts une feuille pliée en quatre, qu'elle déplia lentement. L' avis de recherche lancé au nom de César Cossie  pour casse avec un certain Mac était toujours d'actualité...

Rassurée, Rosie l'était aussi parce que dans quelques heures elle serait loin. Elle serait au Texas ce soir. A son arrivée à Houston, elle irait retrouver son copain boucher, celui qui l'avait opéré(e). Il était bizarre ce garçon boucher. Georges était toujours près à rendre service aux copains, à filer un tuyau, à tailler une bavette avec le monde, à faire la bombe... mais en même temps, sans cesse en train de chercher des noises à quelqu'un (à faire du bruit quoi ! Comme tous les Texans).


Une seconde venait de passer. Ce Monsieur Paul ne semblait pas l'avoir reconnu! Mais comment aurait-il pu ? Rosie n'avait plus ses "accessoires" depuis l'opération. Depuis qu'il était rentré en France, s'était toujours en tant que "elle" qu'il s'était fait embaucher. Une chance cette place de concierge au 13 de la rue des récifs, juste en face de la BPI. Quel con ce nase de Lorca! Plus que deux jours et c'était le fait... Qu'est ce qui avait bien pu lui passer par la tête? Comment avait-il su que Rosie ou César (lui quoi! Non! Elle!!) habitait là? Elle avait pourtant pris toutes les précautions d'usage pour que Lorca ne soit prévenu qu'à la dernière minute du lieu du casse de la BPI. Comment avait-il su? C'était un indic! Sûr! Ouais c'était ça... Un indic qui avait remonté sa piste.... Tout ça sentait le putois! Il était temps de mettre les voiles...
Oui, il avait fait un faux témoignage au flic. C'était deux fois nécessaire de bluffer ce type. De toute façon, Elle n'était pas là au moment des faits! De toute façon il ne pouvait pas être à la fenêtre et à la porte. Enfin quoi, elle était concierge, mais il était là pour braquer une banque! 

Ouais ! mais elle avait quand même vu Marcelle monter chez cette désaxée d'Axel en tout début de soirée. Marcelle... Non !!  Rosie ne pouvait quand même pas pas dénoncer Marcelle car César en était éperdument amoureux  Ouais! Un je ne sait quoi dans... l'ambivalence de Marcelle l'attirait peut-être ?. En tout cas, cela datait du jour où Marcelle, rentrant chez elle, lasse et blasée, avait accepté une petite douceur de la part de Rosie.

- Veux-tu que je te masses ce soir ?
- Chouette! C'est sympa! Mais on fait ça chez toi ou chez moi ?
- On peut faire ça dans ma loge. C'est pas un palace mais y'a de la place pour que je te masse. 
- Dac! ...

Ben oui! Lui Rosie avait donc fait porter le chapeau à cet argentin débonnaire au panama mal vissé sur la tête qui s'était fait dévissé dans la rue pour filer un os au flic! Puis elle avait filé à l'aéroport en se disant qu'il fallait vraiment qu'elle se casse ce soir.