L'insouciance (fragment 9)

(La peau rouge)

Le revoilà, en pied, sur les rochers. Un arc à la main, il vise une cible invisible pour nous. Enfin, un arc si l’on veut : un branche de noisetier arque boutée par un fil de nylon rose fluo. Sa main lâche le cordon qui se détend en un bruit sec tandis qu’il mime le bruit de la flèche d’un sifflement sourd.

Lancé sur le sentier, penché en avant, il cherche une éventuelle trace : gibier ou ennemi ? Accroupi devant des berlingots brunâtres, qu’il retourne avec une brindille, il croit reconnaître les traces fraîches d’un cavalier : « à peine quelques heures qu’il est passé par là... ». Il scrute les hautes herbes marche sur son lacet et mord la poussière entre les cailloux. Il touche le manche de corne du poignard qu'il porte à sa ceinture son visage est badigeonné de rouge.

Il est au pied d’un éboulis. Il connaît bien cet endroit. Couper au plus court pour rattraper celui qu’il piste. Il saute de bloc en bloc, escalade sans difficulté les premiers obstacles : « en plus, ruse de sioux, les pierres ne laissent pas de traces ! ». A mi-hauteur, ça se corse, il commence à regretter ce raccourci. Il peine à trouver un passage entre les pans de grès rose : « …à moins que ce ne soit du granit ? ». Pieds joints, en équilibre sur un promontoire il n’ose pas sauter pour rejoindre la plateforme, de l’autre côté du ravin. Il ne va quand même pas se dégonfler, il en a vu d’autres!. Ca y est il a sauté ! Ses mains s’agrippent de justesse au bord...« un peu plus et c’était la chute ! ».

Tirant sur ses bras il essaye désespérément de se hisser. Ses pieds cherchent une aspérité, un appui : « surtout ne pas lâcher prise ! »…

- Antoine tu viens, c’est l’heure de manger !... Antoine?

- …J’arrive maman !


 

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