Beuys, dans les plis - 2007
 

En 1985 Beuys réalise Plight, une installation qui reprend justement cette question en amplifiant le dispositif de mise en scène. L’accès unique au lieu oblige le visiteur à se baisser pour passer sous des rouleaux de feutre. À l’intérieur, la totalité des cloisons est recouvertes de ces mêmes rouleaux, empilés sur deux niveaux et sur toute la hauteur des cimaises. Dans la première pièce se trouve un piano à queue, sur lequel est posé (à plat) un tableau ainsi qu’un thermomètre. La sensation d’étouffement et de silence se dégage de cet espace comme si l’on venait de pénétrer dans un sanctuaire. Contrairement à Infiltration homogène pour piano, ici l’instrument est visible mais reste tout aussi muet que dans l’œuvre précédente et l’on se doute que, même en enfonçant une touche du clavier pour en vérifier l’acoustique, on n’obtiendrait qu’un son étouffé et sans résonance.
Replié sur le corps de l’instrument, le tableau noir rayé de lignes rouges sur le quel est déposé un thermomètre médical renvoie aux deux croix rouges qui signalait l’état d’urgence.

En 20 ans, Beuys nous a conduit de l’entablement d’un dolmen au cœur d’un sanctuaire mais l’urgence à soigner ce piano, cette société malade, est restée la même.

  Sur quelques doubles pages de livres sur Joseph Beuys -( Septembre - Octobre 2007)