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> notes sur clichés (photo revisitée)

47/ J'ai longuement regardé cette image carrée présentant un passage ou une ruelle couverte - peut-être un porche d'entrée ? - photographié en contre-jour. J'avais l'impression de connaître ce lieu. Mais les indices étaient minces, à cause de l'obscurité justement. J'aurais volontiers pour Volterra ou pour Sienne, bien que le caractère presque oriental de l'arc brisé m'évoque aussi certains quartiers du port de Barcelone voire celui de Lisbonne.

Cependant, c'est bien de l'entrée d'une citadelle (ou d'un château) qu'il semble s'agir, si j'en juge par l'ouverture latérale en forme de meurtrière. Trois silhouettes sont présentes dans ce passage sombre, trois hommes dont deux sont vêtus de manteaux, ce qui aurait pu éventuellement me donner des informations, mais ni leurs visages, ni les détails de leurs costumes ne sont encore suffisamment précis pour que l'on puisse se faire une idée du lieu et de l'époque.

Peut-être était-ce encore, tout simplement, un souvenir d'enfance, un de ceux dont on garde avec précision la lumière et la forme des choses, sans être pour autant capable de dire où et quand c'était.


Cela m'arrive souvent, en fait - et je suis convaincu de ne pas être le seul dans ce cas -, voyageant dans une région ou un pays étranger, de me dire : " tiens, je connais cet endroit… ", ou " j'ai l'impression d'être déjà venu ici… " Et puis non, l'impression fugace s'estompe. Elle a cependant eu le temps de remuer des images anciennes, parfois de faire ressurgir une musique, une odeur, un geste.

Ici par exemple, c'est l'odeur de pierres humides (suintantes) mêlé à un vague relent d'urine qui affleure. L'écho des pas sur les dalles, une épée en plastique à la main, une cape noire sur le dos. Et puis les escaliers en colimaçon qui n'en finissent pas… " Arrête de faire le zouave ", me dit une voix qui pourrait être celle de ma mère.
Vagues replis du temps libérés par bribes qui affluent, font surface et s'évaporent comme l'eau de la pluie d'août sur les pierres chaudes.