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> notes sur clichés (photo revisitée)

43/ Le soleil éclabousse à travers la passoire du feuillage d’un acacia. Une jeune fille est campée dans sa jupe trapèze, son gilet jacquard boutonné jusqu’au col, d’où dépasse le col rond et sage de son chemisier blanc. Mains sur les hanches, visage levé en pleine lumière, elle pause et repose sur la pointe d’une pyramide d’ombre, prolongée par la forme projetée du photographe, torse nu et visiblement en short. Eblouie elle a fermé les yeux.

Je ne sais pas si c’est le lieu où a été prise cette image, mais il me revient d’un coup en cherchant à le décrire, un autre endroit semblable de mon enfance. C'est une petite terrasse, aménagée dans l’épaisseur de l’un des murs d’une propriété d’un quartier de Toulon, où nous allions parfois, le dimanche, manger chez des amis de la famille. Cette terrasse longue de quelques mètres et peu profonde, était discrètement dissimulée sous la végétation des arbres du parc, de sorte que, une fois sur la plate-forme, on avait l’impression qu’il s’agissait d’une cachette. Celle-ci ouvrait, lorsque l’on s’approchait du parapet bas qui la bordait, sur la vue d’une ruelle étroite, en contre bas.

Blocs de pierres, troncs, mousse brindilles et feuilles mortes accumulées dans les coins, jeux d’ombres ondulant sur le sol de béton... tout me revient par cette image de cette Claudine.

Cette jeune fille doit avoir environ 18 ans. Si je situe le cliché dans les années cinquante, cela fait d’elle, aujourd’hui, si elle est toujours en vie, une grand-mère respectable.