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[re] vénus
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Circonférence Une averse crève la peau de l’étang. Et puis il y a la mer ! Verte, avec des écailles, ou des vagues, venant lécher le rivage, Et puis il y a la forme étrange du pli de la robe, de la cape, que la jeune femme de droite, sur la pointe des pieds, volant à son secours déplie… Regardez là bien cette forme qui n’est pas un pli de tissu ordinaire ! Observez ce vide où se découpe le paysage : langue verte de l’horizon qui va au devant des caresses des flots, pénètre l’écume, soulignant au niveau du ventre la perle du nombril…Vénus du désir naissant, Vénus du plaisir sous entendu, sous cape. D’un côté le vent chaud, soufflé par ce couple aux mains unies, doigts lascifs, entremêlés, célébrant par leurs attouchements les jeux de l’amour, flottant au-dessus de l’écume des vagues douces. Souffle chaud et intime comme l’haleine de l’amant… De l’autre, la jeune fille fleurie (enceinte ?- initiée ?) volant au secours de la pudeur…. Trop tard ! Vénus est vue, elle sait qu’elle a été vue, par nous, par moi : la main gauche attirant sa chevelure sur son sexe en est un signe, la droite, effleurant la pointe du sein qu’elle sait faire voir, en est un autre. Elle est l’amour, le désir amoureux et elle le sait. Elle (se) joue de cette fausse pudeur, de ce dénuement qui l’expose à nos regards. Une pudeur feinte aiguisant le désir, une pudeur à la hauteur de sa réputation …
D’autres corps sont venus avant celui là. D’autres Vénus désirées. Le désir n’est pas toujours exact. Approximatif, il s’affine ou plutôt, il se déplace. Comment peut-on expliquer que telle scène, telle posture d’un corps, tel geste, telle harmonie de couleur dans un tableau, nous touche et nous renverse ? L’affinité est sans nom mais elle a un visage, un corps... Dans la vie, on peut parler de rencontre, en peinture on suppose l’événement. |
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