L'insouciance (fragment 27) (l'enfouit) J’étais assigné à la fouille d’une parcelle d’un mètre carré, au troisième niveau de la fosse creusée au centre d’une motte médiévale, maniant tantôt le pinceau, tantôt la truelle. Il faisait chaud. Mis à part les tessons ébréchés qui jonchaient le site, il n’y avait pas grand trésor pour exciter mes recherches. Après trois jours plié en quatre, j’ai pourtant entendu, sous la lame d’acier, un raclement différent de ceux qui caractérisaient les céramiques. Ça sonnait creux ! J’ai dégagé du bout des doigts, sans trop y croire d’abord, la partie de la pièce qui avait provoqué cette résonance. Deux heures d'un lent décapage et le sommet d’un crâne humain sortait de terre... du moins, c’était ce que je voulais croire. Je l’imaginais déjà, je le dessinais mentalement. Il me fallu cependant attendre une journée de plus et m'armer de beaucoup de patience (étrange cette expression) pour ne pas précipiter sa sortie. La terre était meuble mais l’os était humide et il risquait, au moindre faux geste, à la moindre pression de la lame, de partir en morceaux. Prévenu, le chef de chantier vint faire les relevés et prendre des photographies. L'objet était là, posé sur une bâche de plastique bleue, soulignée par une règle à damiers blanc et noir, indiquant son échelle. Il n’était pas entier. La partie basse, composée dun bloc de glaise, mêlée des tessons, constituait un étrange assemblage. De celui-là non plus, je n’oublierais pas le sourire. |
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