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> notes sur clichés (photo revisitée) 35/ Au tournant de la page je tombe en arrêt devant la beauté dédoublée de cette jeune femme. Pourtant le redoublement de ce portrait, évoque une anomalie, une difformité qui, en d'autres temps, aurait mérité de figurer dans un numéro de la foire du trône. Etrange paradoxe que celui du beau et du monstrueux que cette prise de vue accidentelle a ainsi réuni. Ces deux jumelles siamoises par hasard affichent un sourire tranquille et coquin me laisse pantois. Cherchant à comprendre, je m'égare dans la zone floue qui suture ce double visage. Je m'étonne que le fond (l'arrière plan de cette chambre) n'ai pas subi la moindre trace de superposition, car il y a bien deux images superposées: deux fois le même visage et deux fois la même pièce. Je ne saurais dire pourquoi mais je me retrouve quelques années en arrière sur un pont du Tibre, à Rome, de nuit. Je filme une sculpture à deux visages dont j'appendrais plus tard, en consultant un livre, qu'il s'agit de Janus. " Cette divinité romaine veillait sur les ouvertures : ouverture de l'année, de la guerre (les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix), etc… Saturne, qui fût son hôte et son allié, le doua d'une rare prudence qui rendait le passé et l'avenir toujours présents à ses yeux, ce que certaines représentations ont exprimé lui donnant deux visages tournés en sens contraires. ". L'article spécifiait encore que " le mois de janvier (januarius), était associé à ce nom ", or c'était précisément le 1er janvier 2000 que j'avais enregistré cette bande vidéo. Machinalement, ma main fait glisser la page de gauche sur la quelle se trouve des cages d'oiseau. Je me demande pourquoi ces cages sont associées à ce double visage. Quel rapport ? Qu'est-ce qui a décidé les auteurs de ce livre à rapprocher ces deux images ? Bien sûr, la cage pour les monstres, les gorilles et autres espèces bestiales serait une réponse raisonnable mais je n'ai pas envie de verser de ce côté. La page de gauche glisse sous mes doigts jusqu'à toucher l'image de la page droite. Ce contact me fait voir que dans la chambre où se tient cette jeune femme, se trouve un miroir sous le quel sont alignés des flacons. Contre toute attente c'est là que je situe la jonction : dans le pli de la page se retrouve l'équivalent du portrait.
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