> [re] vénus
 

Petite ! Ton eau…

Vasari raconte que Alessandro di Mariano Filipepi aurait reçu sa première formation artistique chez un orfèvre appelé Botticello, et que c’est de ce dernier que lui serait venu son surnom, ce qui, à l’époque était chose courante. C’est donc sous ce nom d’emprunt que Alessandro Botticelli exerça son art.

J’ai cru lire quelque part que "botticello" pouvait signifier "petit tonneau". Si cela est vrai, je ne peux m’empêcher de sourire en pensant à l’association étrange d’une barrique (aussi mignonne soit-elle) avec les figures élégantes peintes par celui-ci.

Ce contraste saisissant et l’amalgame monstrueux qu’opère soudain cette rencontre, me fait me souvenir d’une image dont à l’époque je n’avais pas compris le sens. Il s’agissait je crois d’une publicité pour une assurance. Une femme nue, debout, portait autour de la taille, en guise de cache sexe un tonneau sans fond. Cette étrange apparition d’un corps nu, dissimulé en partie par un tonneau - comme ces cow-boys dans les albums de Luky Luke qui, ayant perdu au poker, sortent du saloon dans cet accoutrement grotesque - me fit longtemps réfléchir sur le sens caché du message.

Je crois me souvenir que j’avais émis l’hypothèse du fût renvoyant au symbole de la feuille vigne et que, donc, cette fille était une sorte d’Eve déguisée en vague nymphe s’ébattant dans le vin de Dionysos…( ?). Mais en réalité je ne voyais pas bien le rapport avec la compagnie d’assurance…« Quand vous n’aurez plus que ça à porter, vous regretterez de n’avoir pas pensé à nous plus tôt ! », disait le slogan.

En fait, je me demande aujourd’hui si il ne s’agissait pas plutôt de Vénus, voire de Botticelli lui même, dont on sait qu’il a fini sa vie dans la misère la plus totale…

La technique de ce peintre était la détrempe, procédé où les couleurs sont broyées à l’eau puis délayées avec de la colle de peau. Il est étrange que ce soit l’utilisation de la détrempe (qui est sans doute l’un des plus ancien procédé pictural) plutôt que celle de la peinture à l’huile, importée des Flandres (qui était pourtant bien implantée en Italie, à cette époque) qui ait retenu son attention.

J’imagine qu’avec cet argument un publiciste pourrait, aujourd’hui, faire la promotion d’un tel produit…

On aurait alors une Vénus trempée, sortant d’un tonneau, tenant à la main une palette et affirmant en gros caractères que « Grâce à ton eau tu peux t’approcher de la beauté ».