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Vénus empruntée

Elle (18 ans à peine) – Tu la trouves si belle que ça ?

Lui (la cinquantaine passée) - …une question se pose concernant l’étrange beauté de ces femmes. Qui sont-elles celles qui ont marqué son regard ? Car beaucoup sont unanimes pour affirmer que « ce type féminin n'est pas né de l'observation directe du réel, que ces corps élancés aux longues jambes, aux hanches droites et aux longs cheveux blonds sortent de sa fantaisie »…

Elle – Et moi comment me trouves-tu ?

Lui – Heu !... autrement dit, il s’agirait… pour lui d’une femme idéale, sortie tout droit des flots de sa rêverie, de cet état de distraction durant lequel la pensée n'est plus gouvernée par l'attention et s'abandonne aux ressac des souvenirs…

Elle – Allez, passes moi la serviette, que je sorte de la baignoire !

Assise dans un train, Vénus feuillette un magazine de mode. Vénus est brune, le regard vert. Vénus suce l’ongle de son pouce, le nez plongé dans les pages de mode. Que voit-elle ? S’y voit-elle ?

Cheveux lissés, tirés en arrière, Vénus passe une main derrière son oreille en observant les seins lourds de cette femme sur le papier glacé noyée au milieu d’articles de beauté, de fringues frivoles, de pendentifs rose fluo…

Vénus écoute-t-elle la mer battre dans le creux de sa paume ? Vénus en jean a seize ans ou dix-huit, une fringale de vogue, de clinquant et de gadgets, une envie folle de corps de femme, un désir ravageur sur les lèvres…