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> notes sur clichés (photo revisitée)

70/

Une fois de plus, je ne saurais expliquer comment, mais il se trouve que la mémoire fait des nœuds inattendus. Comment et pourquoi cette petite image grise à peine lisible a-t-elle fait venir à mon esprit le mot d’Aronde. Je ne parle pas ici de la mortaise utilisée en menuiserie et joliment désignée par queue d’aronde, mais du nom du modèle de cette Simca née dans les années 50 et que mon grand père conduisait encore dans les années 70, bleue lavande avec un toit blanc, si mes souvenirs sont bons.

Sur l’image il n’y a pourtant aucune voiture, juste un bâtiment blanc, faiblement élevé dont on distingue vaguement une enfilade de portes. Derrière la ligne tendue d’un toit en tôle dépassent des nuées sombres. Dans la partie basse de l’image, dans la zone voilée, on distingue la présence d’une personne. Je revois dans la cour de l’immeuble du « Cormoran B », l’alignement des petits garages avec leurs rideaux de fer, la silhouette frêle de mon grand père penché sur le capot de l’aronde, astiquant les chromes avec une peau de chamois, l’image renversée des immeubles et des platanes dans les flaques…

Plus tard, à Aix en Provence, j’ai croisé une épave d’Aronde abandonné sur un parking, en bordure de la Cité Universitaire de Fenouillère. Echouée dans les hautes herbes on aurait dit la carcasse d’un animal.

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