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> notes sur clichés (photo revisitée)

24 / L’aplomb de la roche, sous la corniche, laissait apparaître, sous la lumière de cette fin d’après midi d’automne, l’aspect insolite d’un grand corps nu. C’était sans doute ce qui avait décidé le photographe à décentrer sa prise de vue, à laisser de côté la figure de la femme en tailleur gris. La présence par l’ombre des saillies de la roche ébauchait de fait un torse cambré, prolongé par des jambes repliées, comme à genoux. Un corps de femme, seins et pubis compris.

Me reviennent les ombres projetées des branches du saule, sur le mur de la chambre, les soirs de pleine lune, qui oscillaient en esquissant, elles aussi des fragments de corps. Allongé sur le lit, tournant le dos à la fenêtre, je regardais, fasciné, se défaire la courbe d’une hanche ou se balancer l’arrondi d’un sein, une chute de reins se cabrer sous la secousse du vent. La douceur du tracé aurait pu être celle de la diffusion d’un lavis sur un papier de riz ou l’estompage d’un fusain. Bercé par ce théâtre d’ombres mouvantes, je m’abandonnais au sommeil.

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